« Si tes rêves ne te font pas peur, c’est qu’ils ne sont pas assez grand. »

MIKE HORN

Pendant des millénaires, les humains considéraient les rêves comme mystiques ou comme une fenêtre sur l’esprit universel.

Ils ont inspiré de grandes œuvres littéraires (Docteur Jekyll et M. Hyde de Stevenson), des avancées scientifiques (comme l’agencement du tableau périodique des éléments), des tableaux célèbres (Rêve causé par le vol d’une abeille autour d’une grenade, une seconde avant l’éveil, de Salvador Dalì), ou bien même des grands succès musicaux (Satisfaction, des Rolling Stones).

Nos rêves ont-ils un sens ou un but ? Pourquoi rêve-t-on ? Que peuvent-ils nous apprendre ?

QUE SONT LES RÊVES ?

Les rêves sont entièrement construits à partir de nos souvenirs, de ce que nous vivons quotidiennement. Nous faisons l’expérience de notre rêve en dormant, et nous en souvenons lors du réveil. Ils sont le reflet de ce que nous pensons, sans forcément le savoir.

LA SIGNIFICATION DES RÊVES À TRAVERS LE TEMPS

HISTORIQUE

Il y a des milliers d’années, les rêves étaient retranscrits ainsi que leurs interprétations. Le plus ancien enregistrement d’un rêve est celui d’un souverain mésopotamien, inscrit sur des cylindres d’argiles. Par la suite, il y a 2000 ans, les rêves devinrent des messages des dieux, qui signifiaient des avertissements, des présages ou bien des consignes. D’anciennes civilisations (égyptienne, romaine…) ont alors créé des manuels pour déchiffrer les rêves. Même si les significations ont changé au cours des siècles, l’homme a toujours cru en une interprétation possible des rêves. Ceci, jusqu’à la fin du 17e siècle, époque où les européens ont commencé à les remettre en question. En 1899, l’étude des rêves a changé, notamment grâce à Sigmund Freud, expliquant que les rêves représenteraient l’accomplissement des désirs les plus intimes provenant de notre subconscient. De même, Carl Jung démontre que les rêves expriment des messages du subconscient, des archétypes illustrant les aspects de nos vies intérieures, tels que l’anxiété, la pureté et la sagesse. Ces précurseurs ont rendu aux rêves leurs lettres de noblesse.

ACTUELLE

Par la suite, les chercheurs d’une dizaine de pays ont compilé des milliers de rêves, et ont détecté des récurrences : être poursuivi, faire l’amour, tomber, sont parmi les rêves les plus populaires. D’autres sont fréquents, tels que : perdre ses dents, les hommes rêvent d’autres hommes, les femmes rêvent des 2 sexes à peu près également, les enfants sont plus susceptibles de rêver d’animaux. Cela s’explique par le fait que les rêves proviennent de souvenirs de la vie éveillée. Les rêves sont liés aux évènements de la journée. Les enfants rêvent sûrement plus d’animaux parce qu’ils y font plus attention durant la journée ; les hommes rêvent d’autres hommes car ils sont plus en interrelation voire en compétition dans le monde des affaires, par exemple.

Les rêves constituent un film créé sur la base nos propres souvenirs et émotions.

COMMENT MIEUX SE SOUVENIR DE NOS RÊVES ?

D’après le neuroscientifique Robert Stickgold, nous pouvons boire 3 grands verres d’eau avant de nous coucher, et nous nous réveillerons plusieurs fois pendant la nuit. Vous l’aurez compris, c’est grâce à une envie pressante que nous nous réveillerons, mais nous aurons cependant plus de chance de « voir notre rêve » lors de ces multiples moments d’éveils, et donc de nous en souvenir.

Selon Tony Buzan, il faut préparer son cerveau pour se souvenir, et il nous faudra peut-être 3 semaines avant de « saisir » notre premier rêve. Lorsqu’on se réveille, il est nécessaire de rester dans un état de non-excitation, de conserver son calme, tout en repassant les principaux éléments de notre rêve. A ce moment, choisir 2-3 grandes images clefs, et les mémoriser.

On peut alors tenir un « journal de nos rêves » afin de les stocker sous forme de dessins. Une image ou tableau représentant un rêve, en l’annotant d’un titre descriptif simple et de sa date.

ET DANS LE CERVEAU ?

Lorsque nous sommes éveillés, nos cerveaux sont un fouillis de neurones bavards. Toute cette activité électrique crée des ondes électromagnétiques intenses et soutenues. A mesure de l’endormissement, cette activité électrique se calme, s’estompe, et des ondes lentes et profondes commencent à traverser le cortex. L’activité cérébrale diminue considérablement. La plupart des entrées sensorielles sont bloquées et les signaux nerveux vers les muscles sont interrompus. 1H30 plus tard, le cerveau revient à la vie. Les ondes cérébrales sont presque autant actives qu’à l’état de veille.

                                                        Ceci n’est pas une représentation anatomique.

Le pont de Varole nous empêche de bouger. Notre corps est temporairement paralysé, à part les yeux : c’est la survenue du sommeil paradoxal, ou de l’état de rêve. Dans de rares cas, cet endroit du tronc cérébral fonctionne mal, il peut s’agir d’un trouble du sommeil, où l’on mime physiquement nos rêves.

Une autre zone du cerveau est inhibée : le cortex préfrontal, notre filtre de jugement logique. C’est pour cela que nos rêves sont bizarres et n’ont aucun sens.

Au contraire, l’amygdale et l’hippocampe, les centres de la mémoire émotionnelle du cerveau, s’illuminent comme un feu. Ils sont même plus actifs qu’en état de veille. Ainsi, durant notre sommeil, notre cerveau émotionnel augmente son activité, notre cerveau de raisonnement la baisse. Cela explique pourquoi nous vivons nos rêves intensément.

RESSOURCES & BÉNÉFICES DU RÊVE

Se rappeler de nos rêves permet de devenir plus calme, motivés, expressifs, plus portés à l’humour, plus imaginatifs, créatifs et apte à la mémorisation de façon générale.

Les rêves interviennent dans l’apprentissage, la gestion des émotions, la créativité, ou encore trouver des solutions à nos difficultés :

  • L’apprentissage : rêver de la tâche fait partie du processus d’amélioration de la mémoire pendant le sommeil. Le sommeil paradoxal nous aide à se souvenir, mais aide aussi à oublier. Oublier est une part importante de l’apprentissage. Le sommeil paradoxal aide à effacer les éléments qui n’ont pas besoin d’être stockés, pour incorporer de nouvelles informations. Intégrer les expériences de la journée passée est vital, car on se réveille différent qu’à l’endormissement. Différent car on a appris. Les rêves sont indispensables pour tirer les leçons de nos expériences.
  • La gestion des émotions fortes : rêver peut nous aider à traverser des souvenirs émotionnels, et à les modifier. L’exemple d’un soldat attaqué par un hélicoptère, va associer le bruit des pales de l’engin à la fuite et au danger. De retour dans la vie civile, cette association (ancrage) n’est plus adaptée au contexte, notamment s’il s’agit d’un hélico de la sécurité civile, par exemple. Grâce à la technique du rêve lucide, c’est-à-dire un rêve que nous pouvons contrôler (avec de l’entrainement bien-sûr), nous pourrons modifier ces peurs et croyances devenues obsolètes.
  • La créativité : dans le sommeil paradoxal, le cerveau crée des rêves pour étendre notre champ des réponses possibles. On peut émettre de nouvelles idées, assembler les images et les concepts, d’une manière libérée des contraintes de la logique. L’une des fonctions du sommeil paradoxal est de construire des associations libres, des connexions neuronales qu’on ne parcourrait pas en étant éveillé. De nouveaux chemins, une nouvelle carte mentale s’ouvre ainsi à nous. La création c’est agencer les informations dont on dispose d’une manière nouvelle et originale.
  • Réponse à nos questions : se poser une question précise avant de dormir, intensifiera les chances de la retrouver sous forme symbolique en rêve. L’activité paradoxale du cerveau sollicite les connexions neuronales hors des limites de notre filtre logique permettant ainsi la manifestation d’un riche éventail de possibilités de solutions alternatives à nos défis.

« Si vous pouvez le rêver, vous pouvez le faire. »

WALT DISNEY

SOURCES & RÉFÉRENCES

Anil SETH. (2017). 3 minutes pour comprendre les 50 plus grands mécanismes du cerveau. Editions Tredaniel.

Tony BUZAN. (2012). Tout sur la mémoire. Groupe Eyrolles.

https://www.frcneurodon.org/informer-sur-la-recherche/appels-a-projet-en-cours/le-sommeil-etou-rythmes-circadiens-theme-2016/