« Faites ce que vous pouvez, avec ce que vous avez, là où vous êtes. »
Théodore ROOSEVELT
Ne vous est-il pas déjà arrivé de vous prendre une cuite, puis qu’une simple odeur de cet alcool vous donne maintenant la nausée ? De saliver à la vue d’un plat, ou bien … de vous mettre en alerte devant une lumière rouge clignotante ? Ce sont pour la plupart des réactions programmées inconsciemment qui font partie de nos comportements. C’est ce qu’on appelle des ancrages.
Nous créons des points d’ancrages en permanence. Nous associons continuellement pensées, idées, sentiments et états intérieurs à des stimuli spécifiques à chacun. Notre manière de vivre le monde repose essentiellement sur nos réactions à ces stimuli.
UN ANCRAGE, C’EST QUOI ?
Les ancrages peuvent être positifs comme négatifs. Par exemple, un individu en proie au stress va tendre la main vers un paquet de cigarette, un verre d’alcool. Ces comportements sont vécus comme inconscients et incontrôlables, car automatisés. On construit une nouvelle association stimulus-réponse (stress-cigarette, alcool) en prenant conscience, c’est-à-dire en expérimentant ce processus. Par conséquent, il est possible de désactiver des ancrages que nous considérons comme nocifs.
Un ancrage est donc un processus reposant sur un stimulus (externe ou interne) qui va déclencher un état interne ou une réponse comportementale. Autrement dit, c’est un phénomène d’association entre une information sensorielle et une émotion.
De façon consciente, nous pouvons choisir un point d’ancrage qui nous permet de reprogrammer notre manière de réagir face à une situation. En utilisant des outils mentaux précis (tels que la visualisation, l’imagerie mentale), ces ancres vont devenir des déclencheurs suscitant des réactions automatiques.
À QUOI ÇA SERT ? QU’EST-CE QUE JE PEUX EN ATTENDRE ?
Le travail sur les ancrages va nous aider à canaliser nos réactions inconscientes de manière à ce qu’elles soient disponibles à volonté. Cet outil puissant va nous permettre d’entrer dans l’état psychologique désiré, afin d’avoir accès à nos ressources les plus riches.
À QUI EST-CE DESTINÉ ?
À toute personne souhaitant améliorer ses performances ou souhaitant exceller dans le sport, le travail, la relation avec autrui…
Par exemple, les comédiens ont recours à cette technique afin d’obtenir un rire immédiat. Ils vont prononcer un mot avec un ton adéquat, adopter une certaine attitude corporelle (stimulus interne) propices à provoquer ce rire (réponse). De même, les athlètes professionnels utilisent, pour exprimer leur efficacité maximale lors de situations difficiles ou périlleuses, une phrase ou une respiration particulière.
QUAND L’UTILISER ?
Rappelons que l’ancrage est un processus inconscient, qui peut être initier consciemment ou non. La méthode d’ancrage se fera en amont de manière consciente, via une méthode spécifique, pour qu’elle se réalise sans effort en aval. L’unique effort à faire est de réaliser le point d’ancrage choisi pour déclencher la réaction automatiquement.
Avant de réaliser un ancrage, nous allons choisir et décider quels types de contextes, de situations ou de sensations nous souhaitons améliorer à l’avenir.
Il est aussi possible de créer plusieurs ancrages qui se succèdent pour générer des comportements complexes.
COMMENT ÇA FONCTIONNE ?
EN PRATIQUE
– Cibler une situation, sensation, émotion que vous souhaitez modifier.
– Choisissez un point d’ancrage (stimulus) que vous souhaitez, et qui servira à déclencher vos nouvelles sensations, émotions. Il doit être unique, clair et net pour votre cerveau (respiration différente de d’habitude, un contact physique associé à un certain ton de voix…).
– Plongez-vous dans une situation où ce que vous voulez travailler était présent. Et voyez, entendez, ressentez, ou même goutez si nécessaire, précisément ce moment.
– Produisez le stimulus au moment où l’état est à son intensité maximale. Pour que le point d’ancrage fonctionne, on doit répéter chaque fois exactement le même stimulus, à la même force et au même endroit.
– Recommencez cette expérience 2 à 3 fois. La répétition du stimulus est un facteur puissant de l’ancrage. De même, chaque fois que vous l’utiliserez et que vous y associerez une expérience positive supplémentaire, vous renforcerez le pouvoir de votre point d’ancrage.
– Octroyez-vous une courte pause, puis activez le stimulus.
LES POINTS CLEFS
Intensité de la réaction (bien ressentir ce que l’on veut supprimer)
Synchronisation (produire le stimulus quand l’état est à son maximum)
Caractère exceptionnel du stimulus
Répétition du stimulus
…
Attention : Comprenez bien qu’un ancrage peut se révéler positif ou négatif suivant le contexte. Cela peut poser problème. Ce que l’on considère comme réaction « négative », peut être une manière inconsciente de communication de notre corps, pour nous prévenir d’un problème à résoudre. Par exemple, la fatigue peut représenter un indicateur d’un mode de travail qui nous épuise. Si on la remplace par un point d’ancrage qui nous rebooste, nous courons à l’épuisement total (= « burn out » assuré).
…
DANS LE CERVEAU
Comme vu précédemment, il est nécessaire de se mettre dans l’état que l’on souhaite créer ou retrouver. Lorsque l’état voulu est à son maximum, on réalise à ce moment le stimulus spécifiquement choisi (visuel, auditif, kinesthésique…).
Le cerveau va ensuite traiter l’information sensorielle (le stimulus) en fonction de sa provenance, pour l’encoder dans le cortex. Le lien neurologique entre le stimulus et l’état est alors fonctionnel.
Les signaux passent dans l’hippocampe et l’amygdale, qui favorisent la fixation dans la mémoire à long terme (mémoire sémantique). Les ancrages sont ensuite stockés essentiellement dans les lobes frontaux, et plus précisément dans la partie préfrontale.
SOURCES & REFERENCES
Anthony ROBBINS. (2018). Pouvoir illimité suivi de Les 11 Lois de la Réussite. Éditions J’ai lu.
JANISZEWSKI, Chris et UY, Dan. Precision of the anchor influences the amount of adjustment. Psychological Science, 2008, vol. 19, no 2, p. 121-127.
Romilla READY et Kate BURTON. (2008). La PNL pour les nuls. First Editions.
STRACK, Fritz et MUSSWEILER, Thomas. Explaining the enigmatic anchoring effect: Mechanisms of selective accessibility. Journal of personality and social psychology, 1997, vol. 73, no 3, p. 437.
TVERSKY, Amos et KAHNEMAN, Daniel. Judgment under uncertainty: Heuristics and biases. Science, 1974, vol. 185, no 4157, p. 1124-1131. http://people.hss.caltech.edu/~camere…