« La connaissance s’acquiert par l’expérience, tout le reste n’est que de l’information. »
ALBERT EINSTEIN
Vous avez du mal à retenir les noms de certaines personnes ? des numéros de téléphones ? votre liste de courses ? ou bien, l’endroit où vous avez laissé vos clefs de voiture ? Et s’il suffisait d’apprendre à manier vos émotions et vos sensations pour vous en rappeler ? Ce blog va vous expliquer les principes et fondements de la mémoire, et comment l’améliorer.
On croit que le but de la mémoire est de préserver le passé, mais même les souvenirs qui constituent le fondement de votre histoire ne sont pas des enregistrements parfaits. Le temps les change et les déforme.
ALORS, QUE SONT LA MÉMOIRE ET LES SOUVENIRS ?
La mémoire est une fonction du cerveau nous permettant de nous souvenir d’évènements qui ont eu lieu. C’est le résultat de l’expérience.
Nos souvenirs représentent le support de nos comportements, habitudes et émotions.
Les informations constituant nos souvenirs ne sont pas toutes traitées au même endroit du cerveau. Par exemple, on retrouve :
- Les sons dans le Cortex Auditif ;
- Les sensations tactiles dans le lobe pariétal ;
- Les images dans le Gyrus fusiforme ;
- Et les émotions dans l’Amygdale.


Quelques notions utiles :
Mémoire à court terme : capacité du cerveau à emmagasiner l’information pour de brèves périodes, selon la plupart des études, de 20 à 30 secondes, et de 5 à 9 informations. La mémoire à court terme est importante pour se rappeler des informations spécifiques, telles qu’un numéro de téléphone avant de le noter ou le répéter pour le mémoriser. Elle aide aussi les activités fonctionnelles, par exemple se souvenir du début de la phrase lorsqu’on arrive à sa fin.
Mémoire à long terme : capacité du cerveau à emmagasiner l’information pendant de longues périodes, parfois pour la vie. La mémoire à court terme peut devenir mémoire à long terme par un processus de répétition et association pertinente. A son tour, cette mémoire se divise en 2 grandes catégories : la mémoire épisodique (évènements) et mémoire sémantique (connaissances générales et informations utilisables en diverses occasions).
COMMENT MIEUX SE SOUVENIR ?
Les souvenirs sont stockés dans différentes zones de notre cerveau. Pour retenir, il faut apprendre à relier ces différentes localisations fonctionnelles. Comment faire ?
Premièrement, on va solliciter des émotions, via l’amygdale qui est impliquée dans leur reconnaissance et leur évaluation. Vous pouvez facilement vous souvenir de situations dans lesquelles vous avez eu peur, ou avez eu le trac, car ce sont des émotions intenses. Que faisiez-vous le 11 septembre 2001 ?
Ensuite, il faut y associer un lieu. La mémoire des lieux et du temps est basée dans l’hippocampe (zone associée à la formation et consolidation des souvenirs et qui soutient aussi la navigation spatiale). Nous utilisons donc un renforcement conscient de la liaison hippocampe et amygdale, ce qui va permettre de générer une mémoire et un souvenir plus détaillés et plus forts.
On peut aussi incrémenter en créant une histoire afin d’augmenter la qualité et la quantité de nos souvenirs sous forme ludique, car notre cerveau aime jouer. Nos hémisphères accordent plus d’attention aux informations dispensées sous forme de narration. Une étude a demandé à 24 personnes de mémoriser 12 listes de 10 mots. Ceux qui ont répétés les mots se souvenaient de 13% de ces derniers. L’autre moitié du groupe a inclus les mots dans des histoires inventées, et ont su en mémoriser 93%.
COMMENT EXPLIQUE-T-ON LA DEFORMATION DE NOS SOUVENIRS ?
Les mêmes processus qui forment notre mémoire peuvent aussi la déformer. Avec nos souvenirs émotionnels, on a tendance à se rappeler de certains aspects particuliers. Afin de remplir ces « blancs », nous allons utiliser notre mémoire sémantique (nos connaissances préexistantes), de faits dont on dispose, ou bien nos préjugés ou croyances.
En fait, on reconstitue notre mémoire épisodique (qui est flexible), comme on reconstitue les pièces d’un puzzle pour obtenir une image concrète. Ainsi, notre souvenir est erroné, et nous renforçons la confiance, notre croyance en ce souvenir en le répétant plusieurs fois, et en le confirmant dans notre tête.
Le passé et le futur semblent être liés dans nos esprits, notre mémoire nous permet de se souvenir du passé pour nous projeter dans le futur.
COMMENT ÇA FONCTIONNE DANS NOTRE CERVEAU?
Notre cerveau est constitué par des milliards de neurones interconnectés, dont les connexions sont modifiées par l’apprentissage. Notre mémoire, elle, est une fonction dispersée dans le cerveau, car elle est stockée dans les neurones.

MEMOIRE A COURT TERME
Pour former un souvenir, le cerveau compile l’information sensorielle en fonction de sa provenance. Les sensations sont codifiées selon leur origine, en utilisant des voies nerveuses spécifiques et, à l’intérieur de ces voies, en utilisant différents types de décharges électriques. Ces signaux atteignent les synapses afin de transmettre l’information aux autres neurones. (1) (voir schéma ci-après)
Les signaux sont traités par étapes successives à l’intérieur du cortex, atteignant les aires associatives ou interprétatives, en même temps que les aires du cortex préfrontal pour constituer la mémoire de travail, ou mémoire à court terme. (2)
La répétition de l’expérience augmente la force des connexions synaptiques qui, distribuées dans le cerveau, constituent les souvenirs. (3)
MEMOIRE A LONG TERME
Une fois que l’information s’est consolidée, elle peut faire partie de la mémoire à long terme et y rester de manière durable. (4)

COMMENT AMÉLIORER ET ENTRAINER SA MÉMOIRE ?
La méditation en pleine conscience (ou mindfulness) aide à mieux mémoriser. En effet, il est prouvé que la pleine conscience augmente la capacité de concentration, ce qui améliore la mémorisation.
Il existe aussi des exercices pour entrainer notre mémoire.
Pour cela, je vous propose de tester votre mémoire avec 2 exercices.
- Le premier, en tentant de mémoriser 2 listes de 10 mots (de haut en bas, et en commençant par la colonne de gauche) dans l’ordre et avec la bonne orthographe. Vous avez 2 minutes pour les retenir (utilisez un chronomètre pour ne pas regarder constamment le temps restant). Puis réduisez la page internet et prenez le temps nécessaire pour tous les retranscrire dans l’ordre.
PEIGNE
COLIBRI
COULOIR
LOUPE
BONBON
PHOTO
GIRAFE
TAPIS
PAVÉ
PLANETE
CHAPEAU
TABOURET
NEIGE
BRACELET
RÉUNION
CHATON
COURIR
MUSICIEN
PAGE
CERF-VOLANT
- Pour le deuxième exercice, vous aurez une suite de chiffres à mémoriser. De gauche à droite, et en lignes. Tout ça en 2 minutes également. Puis pareillement, réduisez la page et prenez le temps nécessaire à leur réécriture dans l’ordre.
1 | 4 | 7 | 5 | 4 | 9 | 7 | 3 | 2 | 8 |
6 | 4 | 2 | 3 | 9 | 6 | 5 | 1 | 8 | 1 |
« L’avantage de la mauvaise mémoire est qu’on jouit plusieurs fois des mêmes choses pour la première fois. »
FRIEDRICH NIETZSCHE
SOURCES & RÉFÉRENCES
Anil SETH. (2017). 3 minutes pour comprendre les 50 plus grands mécanismes du cerveau. Editions Tredaniel.
BOWER, G.H. & CLARK, M.C. (1969). Narrative stories as mediators for serial learning. Psychonomic Science, 14, 181–182. https://doi.org/10.3758/BF03332778
Collection « Le Monde ». (2018). Les défis de la science, La Mémoire. RBA Coleccionables.